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PemphigoĂŻde bulleuse

    ÉPIDÉMIOLOGIE

    La pemphigoĂŻde bulleuse (PB) est une maladie bulleuse auto-immune (MBAI) du sujet ĂągĂ© (Ăąge moyen 75-81 ans). C’est la plus frĂ©quente des MBAI avec une incidence de 4,5 Ă  14 nouveaux cas / an / million d’habitants dans la populafion gĂ©nĂ©rale. Si on ne considĂšre que la populafion des plus de 80 ans ce n’est alors plus une maladie rare avec 150 Ă  180 nouveaux cas / an / million d’habitants.

    Son incidence a considĂ©rablement augmentĂ© durant ces 10 derniĂšres annĂ©es, vraisemblablement du fait du vieillissement de la populafion mais aussi de l’augmentafion de frĂ©quence des maladies neurologiques et de l’usage de mĂ©dicaments inducteurs (diurĂ©fiques et psychotropes). L’associafion Ă  des maladies neuro dĂ©gĂ©nĂ©rafives est frĂ©quente (dĂ©mence, AVC, maladie de Parkinson).

    PHYSIOPATHOLOGIE

    La PB est liĂ©e Ă  la producfion d’auto-anficorps (Ac) pathogĂšnes dirigĂ©s contre deux protĂ©ines de la joncfion dermo-Ă©pidermique (JDE)

    -+ L’anfigĂšne BPAG1 (ou BP 230), de poids molĂ©culaire 230 kDa, localisĂ© dans les hĂ©midesmosomes.

    -+ L’anfigĂšne BPAG2 (ou BP 180), glycoprotĂ©ine transmembranaire de poids molĂ©culaire 180 kDa.

    L’altĂ©rafion de ces deux consfituants de la JDE, provoque la formafion d’une bulle sous-Ă©pidermique. Les lĂ©sions ne rĂ©sultent pas seulement de la fixafion de ces auto-Ac dans la peau des parents mais aussi du recrutement et de l’acfivafion de cellules pro-inflammatoires notamment polynuclĂ©aires Ă©osinophiles et mastocytes qui elles-mĂȘmes vont libĂ©rer des substances capables de dĂ©grader les systĂšmes de joncfion.

    PRINCIPALES MANIFESTATIONS CLINIQUES ET BIOLOGIQUES

    La forme typique pose rarement de problĂšme diagnosfic : survenue, chez un sujet ĂągĂ© (plus de 70 ans), de bulles de grande taille, tendues, se dĂ©veloppant sur une base Ă©rythĂ©mateuse, associĂ©es Ă  des lĂ©sions urficariennes ou eczĂ©mafiformes, siĂ©geant de façon bilatĂ©rale et globalement symĂ©trique sur les faces de flexion des membres, les plis inguinaux et axillaires, la parie basse de l’abdomen.

    Le nombre de bulles est trĂšs variable de moins de 10 (formes pauci-bulleuses) Ă  plus de 300 (formes mule-bulleuses) ; elles laissent place une fois rompues Ă  des Ă©rosions. L’extrĂ©mitĂ© cĂ©phalique est habituellement Ă©pargnĂ©e et les lĂ©sions guĂ©rissent sans cicatrice. Le prurit, volonfiers intense, est quasi constant, il prĂ©cĂšde souvent l’érupfion. L’atteinte muqueuse est rare (8% des cas) et doit pousser Ă  Ă©voquer un diagnosfic diffĂ©renfiel (pemphigoĂŻde des muqueuses en parficulier).

    L’hĂ©mogramme montre habituellement une hyperĂ©osinophilie.

    Il faut aussi savoir évoquer le diagnosfic devant toute dermatose acquise prurigineuse persistante du sujet ùgé (lésions eczémafiformes ou urficariennes sans bulles, érosions post-bulleuses arrondies, tableau de prurigo, prurit isolé ou aspect de dyshidrose palmo-plantaire).

    MOYENS DIAGNOSTIQUES

    Le diagnosfic repose sur l’analyse histopathologique de la biopsie d’une lĂ©sion cutanĂ©e rĂ©cente, qui met en Ă©vidence un dĂ©collement entre l’épiderme et le derme, associĂ© Ă  un infiltrat inflammatoire riche en Ă©osinophiles. Il est confirmĂ© par l’analyse en immunofluorescence directe (IFD) d’un prĂ©lĂšvement cutanĂ© en peau pĂ©ri bulleuse qui objecfive des dĂ©pĂŽts d’lgG et de C3 le long de la JDE.

    L’immunofluorescence indirecte (IFI) Ă  la recherche d’anficorps and-Ă©piderme circulants (anficorps and-membrane basale) est posifive dans 80% des cas, son taux n’est pas corrĂ©lĂ© Ă  la sĂ©vĂ©ritĂ© de la maladie. Un test ELISA permet de dĂ©terminer les anfigĂšnes reconnus par les autoanficorps circulants (BP 230 et BP 180). La corrĂ©lafion entre le taux d’auto-Ac and- BP 230 et BP 180 et la sĂ©vĂ©ritĂ© de la maladie n’est pas Ă©tablie, mais le taux d’anfi-BP 180 a une valeur prĂ©dicfive des rechutes cutanĂ©es.

    En cas de forme clinique atypique ou de suspicion d’une autre maladie bulleuse auto-immune (< 70 ans, atteinte muqueuse, atteinte tĂȘte et cou, cicatrices atrophiques), une immunomicroscopie Ă©lectronique doit ĂȘtre rĂ©alisĂ©e dans un centre de rĂ©fĂ©rence.

    PRINCIPES DU TRAITEMENT

    Le traitement de la PB a fait l’objet d’un Protocole Nafional de diagnosfic et de soins (PNDS) rĂ©digĂ© par les Centres de rĂ©fĂ©rence des maladies bulleuses auto-immunes, disponible sur le site de l’HAS. En premiĂšre intenfion, il repose en France sur les corficoĂŻdes locaux Ă  forte dose pendant plusieurs mois, en applicafion quofidienne le premier mois puis progressivement espacĂ©e

    Propionate de clobétasol crÚme: 20 à 40g/j soit 2 à 4 tubes en une applicafion sur tout le corps, sauf le visage, les organes génitaux et les plis.

    Ce traitement par corficothĂ©rapie locale forte a montrĂ© une efficacitĂ© similaire Ă  la corficothĂ©rapie gĂ©nĂ©rale Ă  1mg/kg/j avec une meilleure tolĂ©rance. L’efficacitĂ© et la tolĂ©rance de la corficothĂ©rapie gĂ©nĂ©rale Ă  dose plus faible 0,5 mg/kg/j (frĂ©quemment ufilisĂ©e dans d’autres pays) est en cours d’évaluafion. RĂ©cemment a Ă©tĂ© rapportĂ©e une efficacitĂ© des tĂ©tracyclines.

    Aux corficoĂŻdes locaux doivent ĂȘtre associĂ©s des soins locaux (anfisepsie si surinfecfion, perçage des bulles…) et des mesures gĂ©nĂ©rales nĂ©cessaires chez des parents ĂągĂ©s et fragiles. La qualitĂ© des soins locaux est indispensable Ă  l’évolufion favorable de la maladie et doit ĂȘtre assurĂ©e par une infirmiĂšre Ă  domicile si nĂ©cessaire.

    En cas de rĂ©sistance au traitement local (<5% des cas), un traitement immunosuppresseur (mĂ©thotrexate, mycophĂ©nolate mofĂ©fil ou aziathioprine) peut ĂȘtre proposĂ©, ainsi qu’en cas de rechutes itĂ©rafives lors de sa dĂ©croissance (dĂ©pendance Ă  la corficothĂ©rapie locale, frĂ©quente).

    Il s’agit d’une maladie chronique Ă©voluant pendant plusieurs mois, justifiant la prise en charge au titre de l’ALD. Les patients doivent ĂȘtre informĂ©s sur la maladie, son pronostic, les traitements, Ieurs Ă©ventuels effets    indĂ©sirables

    CENTRES DE PRISE EN CHARGE

    ➜ Centre de rĂ©fĂ©rence des maladies bulleuses auto-immunes (MALIBUL)
    ➜ Centres de compĂ©tence des maladies bulleuses auto-immunes (MALIBUL)

    POUR ALLER PLUS LOIN

    ➜ En savoir plus sur Orphanet
    ➜ Fiche maladie
    ➜ Fiche Orphanet
    ➜ PNDS, format PDF 
    ➜ PNDS, format interactif
    ➜ SynthĂšse Ă  destination du mĂ©decin traitant (format interactif)

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