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Épidermolyse bulleuse acquise

    INTRODUCTION ÉPIDÉMIOLOGIE

    L’épidermolyse bulleuse acquise (EBA) fait partie des dermatoses bulleuses auto-immunes (DBAI). L’ñge moyen de survenue est de 50 ans, mais des cas pĂ©diatriques et du 4Ăšme Ăąge ont Ă©tĂ© dĂ©crits. La frĂ©quence de l’EBA varie de 0,2 Ă  0,5nouveau cas/million d’habitants/an.

    PHYSIOPATHOLOGIE

    Elle est caractĂ©risĂ©e par des auto-anticorps (Ac) qui ciblent le collagĂšne VII, constituant majeur des fibrilles d’ancrage des membranes basales Ă©pithĂ©liales malpighiennes. Ces Ac rĂ©duisent ces fibrilles d’ancrage aboutissant Ă  un clivage entre l’épiderme et le derme avec une fragilitĂ© cutanĂ©e. L’étiopathogĂ©nie de cette maladie autoimmune est mal connue. Il existe un terrain immunogĂ©nĂ©tique favorisant, notamment de l’allĂšle HLA DRB1*1503 expliquant la frĂ©quence plus Ă©levĂ©e chez les sujets Ă  peau noire. Une implication entre immunitĂ© humorale et immunitĂ© T avec lymphocytes T autorĂ©actifs constitue le rationnel physiopathologique de la maladie.

    PRINCIPALES MANIFESTATIONS CLINIQUES ET BIOLOGIQUES

    La forme classique : CaractĂ©risĂ©e par une fragilitĂ© cutanĂ©e et des bulles tendues apparaissant sur une peau non inïŹ‚ammatoire. Les bulles siĂšgent prĂ©fĂ©rentiellement sur les faces d’extension des membres (coudes, genoux, dos des mains, orteils, chevilles) et guĂ©rissent en laissant place Ă  des cicatrices atrophiques et des kystes milium. Une alopĂ©cie cicatricielle et des anomalies unguĂ©ales allant jusqu’à une anonychie peuvent apparaĂźtre au cours des formes les plus sĂ©vĂšres. Une atteinte muqueuse est possible. Le tableau clinique peut ressembler Ă  une Ă©pidermolyse bulleuse hĂ©rĂ©ditaire ou Ă  une porphyrie cutanĂ©e tardive.

    La forme inïŹ‚ammatoire : Des bulles tendues profuses prĂ©dominent, parfois disposĂ©es en rosette, siĂ©geant sur une peau saine ou inïŹ‚ammatoire touchant le tronc, les plis et les extrĂ©mitĂ©s des membres. Elle peut mimer une pemphigoĂŻde bulleuse (PB) ou une dermatose Ă  IgA linĂ©aire.

    La forme muqueuse : La muqueuse buccale est la plus frĂ©quemment atteinte avec des Ă©rosions et plus rarement des bulles tendues touchant les lĂšvres, la langue, le plancher, la face interne des joues, le palais et la gencive alvĂ©olaire. L’atteinte oculaire peut conduire Ă  une conjonctivite fibrosante pouvant Ă©voluer vers la cĂ©citĂ© en l’absence de traitement. L’atteinte ORL doit ĂȘtre dĂ©pistĂ©e car souvent asymptomatique avec atteinte du nez, pharynx, larynx menaçant le pronostic respiratoire. L’atteinte gĂ©nitale chez l’homme prend la forme d’une balanite Ă©rosive et de synĂ©chies et, chez la femme, des lĂ©sions Ă©rosives post bulleuses vulvaires pouvant conduire Ă  des stĂ©noses.

    L’atteinte Ɠsophagienne est rare mais grave du fait du risque Ă©levĂ© de stĂ©nose. Cette forme est cliniquement proche d’une pemphigoĂŻde cicatricielle (PC). L’EBA est associĂ©e aux maladies inïŹ‚ammatoires du tube digestif, en particulier la maladie de Crohn (retrouvĂ©e chez environ25% des patients).

    MOYENS DIAGNOSTIQUES

    L’histologie cutanĂ©e montre une bulle sous Ă©pithĂ©liale associĂ©e Ă  un infiltrat inïŹ‚ammatoire de faible abondance Ă  neutrophiles +/- Ă©osinophiles.

    L’IFD montre des dĂ©pĂŽts immuns linĂ©aires Ă  la JDE/JCE d’IgG et/ou C3 +/- IgA. Cet examen est indispensable au diagnostic d’EBA.

    L’immunoïŹ‚uorescence indirecte (IFI) standard sur Ɠsophage de rat, de singe ou peau humaine totale: retrouve des Ac anti-membrane basale de classe IgG +/- IgA, dĂ©tectables dans moins de 40% des sĂ©rums. L’IFI sur peau clivĂ©e par le NaCl : retrouve des Ac antimembrane basale marquant le versant dermique (plancher) du clivage.

    L’immunoblot, l’ELISA et le biochip : peuvent inconstamment montrer des Ac anti-Collagùne VII.

    L’immunomicroscopie Ă©lectronique (IME) : montre des dĂ©pĂŽts immuns dans la zone des fibrilles d’ancrage. Cet examen constitue le gold-standard au cours des MBAI sous-Ă©pidermiques en permettant de poser avec certitude le diagnostic d’EBA et de la distinguer de ses diagnostics diïŹ€Ă©rentiels notamment la PC et la PB. Il n’est disponible que dans les centres de rĂ©fĂ©rences.

    Ces examens sérologiques (IFI, immunoblot, ELISA, biochip) sont seulement des éléments.

    PRINCIPES DU TRAITEMENT

    La prise en charge doit ĂȘtre multidisciplinaire: ophtalmologistes, ORL, stomatologues, gastro-entĂ©rologues, proctologues habituĂ©s Ă  cette pathologie peuvent ĂȘtre impliquĂ©s. Cette prise en charge est coordonnĂ©e par le dermatologue. L’objectif du traitement est la cicatrisation des lĂ©sions actives et l’absence d’apparition de nouvelles lĂ©sions.

    1. Le traitement d’attaque : Dans les formes non sĂ©vĂšres la dapsone est le traitement de choix (2mg/kg/j si la tolĂ©rance le permet) parfois associĂ©e ou remplacĂ©e (notamment en cas de contre-indication) par de la sulfasalazine ou de la colchicine. Des traitements locaux adaptĂ©s aux atteintes (bains de bouches, crĂšmes, collyres) doivent ĂȘtre associĂ©s. Dans les formes sĂ©vĂšres (ophtalmologiques, laryngĂ©es, Ɠsophagiennes) les immunosuppresseurs sont indiquĂ©s: ciclosporine, mais aussi le rituximab qui a rĂ©cemment montrĂ© des rĂ©sultats prometteurs. En cas d’échec ou de contre-indication : les anti-TNF, le mycophĂ©nolate mofĂ©til et les IgIV peuvent ĂȘtre discutĂ©s.
    2. Le traitement d’entretien : Il doit ĂȘtre systĂ©matique car les rechutes sont trĂšs frĂ©quentes sans Il repose sur la dapsone Ă  plus faible dose (1,5 mg/kg/j) plus rarement sulfasalazine ou colchicine. Ce traitement doit ĂȘtre assorti d’une surveillance multidisplinaire rĂ©guliĂšre afin de dĂ©pister d’éventuelles rechutes.

    CENTRES DE PRISE EN CHARGE

    ➜ Centre de rĂ©fĂ©rence des maladies bulleuses auto-immunes (MALIBUL)
    ➜ Centres de compĂ©tence des maladies bulleuses auto-immunes (MALIBUL)

    POUR ALLER PLUS LOIN

    ➜ En savoir plus sur Orphanet
    ➜ Fiche maladie
    ➜ PNDS, format PDf 
    ➜ PNDS, format interactif
    ➜ SynthĂšse Ă  destination du mĂ©decin traitant (format interactif)